Un livre qui fait sentir les contradictions et la suffocation intérieure de la société tunisoise quelques années avant la révolution (alors improbable). Riches bourgeois drogués par l'argent, juge en quête de vérité confronté aux sordides affaires et à la solidarité de classe de la bourgeoisie, improbable et intemporelle figure de gitane restée par delà la décolonisation, et beur expulsé au nom de la double peine, vivant en révolte et aux crochets des mêmes bourgeois. Les déambulations entre Tunis et Sidi Bou Saïd traduisent bien les différents urbains tunisois. Les personnages ont une réelle épaisseur psychologique et on les suit. La narration se fait par une succession de chapitres donnant à entendre le point de vue des personnages, que l'intrigue noue dans des liens tragiques et passionnés. La fin est peut être un peu rose, disons pas trop noire - et cela nuit un peu au dénouement qui prend comme une connotation sartrienne, du style allez, il faut bien vivre, empoignons notre liberté. C'est là où cela pêche un peu : pas très politique au fond. ( )