Essayons de tracer le profil de Jonathan Green... Du point de vue littéraire, il se situe un bon cran, voire même deux, au-dessus d'un Livingstone. Du point de vue scénaristique, il est capable de construire une très bonne aventure et ne se prive pas de le faire. Du point de vue de la jouabilité, il est à compter parmi les auteurs les plus infects.

Le Sépulcre des Ombres en est le parfait exemple : vous incarnez un aventurier qui fait involontairement entrer un sorcier maléfique dans un monastère, où il s'empare d'un grimoire aussi maléfique que puissant. Vous avez 400 paragraphes pour réparer votre bourde et sauver le Royaume d'Ocriculum.

Jonathan Green s'y entend à merveille pour nous servir une aventure épique, farcie d'évènements croustillants, le tout dans un style qui se laisse relire avec plaisir. Malheureusement, comme je l'ai dit plus haut, l'ouvrage souffre de son niveau de difficulté, et risque fort de vous lasser avant que vous ayez trouvé le fin mot de l'histoire - si tant est que vous le trouviez. Il va sans dire qu'il s'agit d'un one-true-path. Ce n'est pas un défaut en soi, mais là, le terme "vicieux" est moins bien approprié que "sadique". La multitude d'objets à collecter obligatoirement est telle que même en la connaissant, vous risquez d'en oublier. De plus, pour les obtenir, il faut également savoir gérer sa fortune (qui risque fort d'être un peu juste), et pour certains d'entre eux, obtenir un bon résultat au dé (en plus, comme si ce n'était pas assez compliqué, pour un desdits objets le traducteur a donné un nom différent au paragraphe où on le découvre et à celui où on l'utilise; si ce renseignement peut vous être utile : Malague ou Malanite, c'est la même chose). La chance sera également nécessaire dans les combats, car vous aurez affaire à forte partie.

En bref : le Sépulcre des Ombres a d'excellentes qualités qui auraient fait de lui un des meilleurs Livres Dont Vous Êtes le Héros si l'auteur s'était souvenu qu'il fallait bien que le joueur gagne de temps à autre. ( )