Catherine Lepage

• Pourquoi ce livre ?
Fine tranches d’angoisse de Catherine Lepage est un roman graphique qui m’a été suggéré par une très bonne amie à moi. Elle était tombée sur ce livre par pur hasard lorsqu’elle s’est hasardée à parcourir les étagères de la librairie indépendante située près de son appartement. Suite à sa lecture, elle avait pensé que ce livre pourrait bien me plaire, car il traitait de sujets qui me touchaient beaucoup, c’est-à-dire l’anxiété et l’angoisse. Mon amie a donc cru bon de me prêter Fines tranches d’angoisse qui imageait et évoquait avec force les moindres sentiments que peuvent vivre les gens atteints d’anxiété, de crises d’angoisse ou de dépression.

• Un aspect qui m’a plu :
Ce roman graphique de Catherine Lepage m’a plu par sa simplicité et sa grande force d’évocation. Composé de courtes phrases et d’images exprimant ces dites phrases, ce roman m’a touchée énormément puisque je me sentais concernée, à chaque page tournée, par ce que je lisais. Étant une anxieuse dans la vie de tous les jours, j’ai ressenti un grand réconfort en lisant ce livre qui pointait, d’une belle sensibilité et d’une exactitude rarissime, les petites pensées qui composent le quotidien d’une personne vivant dans l’angoisse. C’est ce qui m’a particulièrement plu, car en parcourant les pages de ce livre, on ressent une sorte de sentiment salvateur, comme si Fines tranches d’angoisse aidait le lecteur à se sentir moins seul avec sa propre angoisse.

• Un aspect qui m’a moins plu :
Chaque courte phrase étant accompagnée d’une image, d’un dessin ou d’un collage, je dois avouer que, personnellement, certaines images ne m’ont pas convaincue totalement. Ainsi, d’un côté esthétique le style des images, très élémentaire, ne m’a pas autant touchée que les phrases coup-de-poing qu’il est possible de lire à travers ce roman graphique. À mon sens, c’est comme s’il y avait un certain décalage entre les images et les mots de ce livre, puisque les images sont bien jolies, mais ne rendent pas, à certains moments, la complexité du sentiment d’angoisse que les mots évoquent, parfaitement.

• L’objet livre :
Tout d’abord, Fines tranches d’angoisse de Catherine Lepage est un roman graphique dont la répartition entre mots et images est presque égale. Ainsi, ce que nos yeux lisent en parcourant ce livre n’est pas seulement des phrases, mais aussi des illustrations qui participent activement à l’expérience de lecture en étant elles-mêmes porteuses d’une certaine narrativité. Elles viennent raconter et imager des sentiments qui sont, à mon sens, difficiles à décrire. Ces illustrations simples, délicates et candides, composées de traits naïfs, fonctionnent donc de paire avec les mots afin de décrire l’indescriptible : l’angoisse.

Les courtes phrases qui parsèment le livre sont d’ailleurs traitées comme des images dans le sens où il s’agit d’une suite de mots écrits à la main qui a été numérisée. Cela donne, en fait, un côté assez organique à l’œuvre, car en tant que lecteurs nous voyons et ressentons les traits d’écriture de l’auteure. À travers cette écriture à la main, imparfaite et incertaine, on perçoit une vulnérabilité qui rend l’œuvre encore plus intéressante. Le papier utilisé est d’une belle qualité et légèrement épais. De plus, chaque page se présente d’une différente manière, avec différentes couleurs, comme une surprise à chaque page tournée.

La page couverture du livre est assez révélatrice de son contenu : on y voit un dessin représentant de la viande suspendue et bâillonnée dont l’extrémité dévoile un visage angoissée. À l’endos, on découvre une écriture à la main, avec le dessin d’un tamia, qui dit : « émincées et mises en images, les émotions sont tellement plus faciles à digérer ». Phrase courte, magnifique, et simple qui résume à elle seule ce roman graphique. Une biographie de l’auteure et illustratrice nous est également présentée et, résumant son parcours, nous assure qu’on est en présence d’une œuvre d’une artiste d’expérience.… (more)