Barbier, un assassin en cavale, trouve refuge dans la cave d'un brave type sans histoire que l'on appelle "l'artiste" (interprété par Georges Brassens !).
Son copain Juju (remarquablement interprété par Pierre Brasseur) qui ne fait jamais rien de ses dix doigts et qui passe son temps à picoler au bistrot, tombe en admiration devant Barbier et décide de s'occuper de lui pendant son temps de cachette qui s'éternise, au grand dam de l'artiste qui voudrait bien le voir déguerpir. Juju, qui passait ses jours à se traîner au point d'avoir vaguement envie de se pendre, trouve en son amité pour l'assassin une raison de vivre inattendue.
La vie d'une autre personne se trouve bouleversée par l'intrusion de Barbier : celle de Maria, la fille du cafetier, dont Juju est amoureux mais qui tombe amoureuse de l'assassin.
Il aura probablement fallu l'amitié que Brassens portait à René Fallet (le film est adapté de son roman La grande ceinture) et l'idée que Pierre Brasseur a eu de lui confier ce rôle pour que ce dernier se décide à jouer dans un film, dans lequel il tient de surcroît un des rôles principaux.
Avec bonheur, Porte des Lilas rend largement hommage au monde de Brassens : la première scène, tournée dans un café, montre Brassens, armé de sa guitare, interpréter Au bois de mon coeur. D'autres scènes du film nous donnent à voir Brassens à sa guitare et l'ensemble des musiques du film (y compris celles qui sont jouées au bal) sont de lui.
Ce n'est pas l'unique charme du film, loin s'en faut. Cet hymne aux "petites gens" et à l'amitié sans limites, y compris quand elle se fourvoie en s'offrant à la pire des crapules, est emplie d'humanité et de tendresse.
Le sentiment d'amour dans sa globalité n'est pas en reste à travers celui que Juju porte à Maria, trahi deux fois, par la femme qu'il aime et par celui qu'il croyait son ami.
Dans cette comédie, René Clair déploie à nouveau son style populaire et ironique au service d'une histoire elle aussi volontiers décalée.
A découvrir... a minima par tous les amoureux de Brassens qui tourna là son unique film (il n'aima pas du tout l'expérience, trop éloignée de l'univers authentique qu'il affectionnait). ( )