Petit bijour de noirceur signé Larcenet, on a du mal à concevoir plus déprimant. Blast est une peinture au plus juste de la misère sociale et affective, retranscrite à travers le récit de vie d’une obèse au bout du rouleau. Le héros, si l’on peut dire, est en garde à vue et fait le récit romancé d’une vie de marginal qui a bifurqué après la mort de son père. On devine qu’un fait dramatique l’a conduit à se faire interroger, mais c’est d’abord le récit d’une vie d’ivresse et de liberté, entrecoupée d’expériences mystiques, que celui-ci va vouloir faire aux deux inspecteurs. Une de ces lectures qui vous change votre perception du monde et de l’autre.

Des dessins brillants par le dégoût qu’ils parviennent à charrier. Un obèse qui se hait et se goinfre, dont la vie n’est qu’une route vers l’abandon ou la mort. Entre moiteur, autodestruction et lâcher-prise, un dépressif face à lui-même voit probablement l’univers dans ces tons-là. A la fois crade et majestueux.

Strong points
1. Puissant, un coup de poing
2. Une écriture brute et poétique
3. Dessins magnifiques, un appel de la crasse vers l’au-delà

Weak points
1. Le “Blast” encore trop mystérieux
2. Le lien du héros à l’animal, tout aussi mystérieux
3. Il faut vraiment un troisième point? ( )